Ensemble Arcueil
anonyme
1976
techniques mixtes
Couloirs bâtiment H. Lefebvre
Arcueil I et II
Les fresques Arcueil I et Arcueil II sont constituées de deux parties (supérieures et inférieures), séparées par une ligne de démarcation horizontale. Il s’agit d’une peinture réalisée sur pâte de verre.
L’ensemble a été réalisé en 1976, sans doute durant les mois d’occupation du bâtiment entre mars et mai pendant le déroulement des examens. Plusieurs indices nous le laissent penser : La signature SK76, la mention « examens » (en rouge), et le nom Giscard sur la fresque Arcueil II.
La boucherie d’Arcueil Examens
Cette partie de la fresque a pour sujet les examens de 1976 à la maison d’Arcueil, et plus largement le refus de l’ensemble des réformes de l’enseignement supérieure portées par Jean-Pierre Soisson, puis par Alice Saunier-Seïté (secrétaire aux Universités) entre 1975 et 1976, comme en témoignent la légende : « Soissons » et « S. Seïté ».
Sur cette fresque narrative, qui se lit de haut en bas et de gauche à droite, l’atmosphère est brutale et même sanglante.
Dans la partie supérieure (dite Arcueil 1), on voit des figures en ombre chinoise se détachant sur un fond rouge sang : un bâtiment laissant échapper une épaisse fumée noire, un arbuste d’où s’envolent des corbeaux, un homme promenant son chien, une sorcière (semble-t-il postérieure à la fresque), un pendu à son gibet, et tout à droite, un panneau indiquant “Arcueil”.
Dans la partie inférieure (dite Arcueil 2), on se trouve à l’intérieur de la maison des examens, comme l’indique l’inscription en peinture rouge sanguinolente : « boucherie Arcueil examens”.
Trois bourreaux (légendés : « Soissons », « S. Seïté », « Infâme traître »), coiffés d’une cagoule rouge, torturent des étudiants : le premier utilise une bouteille pour gaver sa victime, le deuxième flagelle la sienne avec une branche, le troisième pousse une brouette de cadavres, légendée « chariot des recalés ».
Au premier plan, des étudiants sont massacrés, dévorés, découpés à la scie circulaire par de petites créatures, légendées « monstres divers au service du patronat ».
Des araignées et des chauve-souris pendues au plafond participent à l’atmosphère horrifique de la fresque.
Sur le mur, sont accrochés deux portraits, sous-titrés “Giscard” et “Ponia”, caricatures reconnaissables du Président de la République Valéry Giscard d’Estaing et de son conseiller et ami Michel Poniatowski.
L’UNEF (1) est représenté par plusieurs personnages situés à l’extrême gauche de la fresque, pleurant les suppliciés de la Boucherie d’Arcueil. Cette représentation de quelques membres syndiqués, impuissants devant la scène de massacre, laisse entrevoir une critique de l’UNEF de la part des auteurs de la fresque. Ceux-ci apparaissent d’ailleurs derrière deux des trois fenêtres : l’un est représenté sous l’aspect d’une sorcière et l’autre d’une chouette. Ils sont légendés ainsi : « ou les auteurs de la fresque bien que habilement déguisés sont effrayés par cette sanglante mascarade » (6).
Les onomatopées sont inscrites sur les murs ARCUEIL I et II (“BROUM CRAPBROUM) font penser à la bande dessinée et, combinés aux dessins très colorés, ajoutent un côté enfantin qui contraste avec l’atmosphère sanglante.
La scène du bateau
Sur une mer agitée, on voit un paquebot, d’où s’échappe de la fumée noire. Sur la poupe, flotte un drapeau rouge, tandis qu’à la proue, un passager est en train de tomber par-dessus bord : c’est un membre de l’UNEF, comme l’indique la légende.
Parmi les trois petits bateaux au premier plan, le troisième, légendé SOISSON, est en plein naufrage.
En bas de la fresque, on peut deviner une inscription à moitié effacée : « où l’on voit le yacht Soisson, Seïté… [illisible] … délégation étudiante au large », le reste ayant été recouvert de peinture blanche.
Ainsi, cette scène nautique vient confirmer une hypothèse : les auteurs de l’ensemble Arcueil étaient en désaccord avec la gestion de l’occupation de l’université par l’UNEF et leur négociation avec le gouvernement.
La scène de la préhistoire
Cette scène empreinte les codes de la peinture rupestre : on y voit des animaux et des hommes comme sur la grotte de Lascaux. Dans la partie supérieure, une scène de chasse ; au premier plan, un bison ; à gauche, une empreinte de main pour rappeler l’art préhistorique. La partie basse de la fresque, repeinte en gris, est entièrement effacée.
Cette scène se développe sur un pan de mur à droite, à l’entrée du second couloir circulatoire (couloir où se trouve le mur conservé Arcueil I et II). La scène a un fond teinté de différentes nuances de marron. La scène empreinte les codes de la peinture rupestre : les figures sont schématisées, présentées de profil. Il n’y a pas de perspective. Le fond marron imite les parois d’une grotte. Sur le haut du mur, une scène de chasse. Un personnage schématique bandant un arc dans le coin gauche vise un troupeau de quatre bêtes à cornes. Juste en dessous du groupe, une autre bête cornue mais de plus grande corpulence a le corps de profil tourné vers la droite. Il semble esquisser un mouvement de marche. En face de lui, le profil tourné vers la gauche, est dessinée une bête à cornes ressemblant à une biche, mais peinte dans un autre style, plus schématique. Sur le coin gauche au niveau supérieur du mur, un autre petit personnage bande un arc, tourné vers la gauche. En dessous du personnage, le fond a été peint en plus foncé afin de faire ressortir le dessin d’une main. Cette main tente sans doute de rappeler les empreintes de main en négatif, surreprésentées dans l’art pariétal. Le reste de la scène, plus en bas, est occupé par un animal de grande taille faisant penser à un bison. Sa tête baissée a été tronquée. La partie inférieure de la fresque est entièrement tronquée. Il est encore possible d’y remarquer un contour bleu ciel (fond de 1976) et un autre jaune (datant supposément de 2005). Cette partie est désormais peinte en gris. De petits symboles similaires sont observables dans le couloir où se trouve les restes de ce qui est désigné comme Arcueil III.
La scène du cheval
Sur cette fresque, on voit un cheval bleu clair à la crinière et à la queue rouge. Les contours de l’animal sont rognés après l’application d’une peinture jaune, il est donc impossible de savoir s’il y a d’autres éléments sur la partie recouverte…
Le sujet de cette fresque s’explique soit par la rumeur d’un cheval introduit accidentellement dans l’enceinte de l’université en mai 68, soit en référence au nom d’un des leaders du mouvement, un dénommé Patrick Cheval.
Cette fresque représente un cheval bleu clair de profil sur fond orange (fond original du mur de 1976). Sa crinière et sa queue sont rouges. Il souffle de l’air rouge par ses naseaux. Les pattes antérieures et postérieures droite sont levées. Les contours du cheval ont été rognés par l’application de peinture jaune. Le liseré de peinture bleu clair autour du contour noir nous permettent de savoir que de la peinture bleu clair faisait office de fond à la place de la peinture jaune. Il est impossible de savoir si d’autres éléments de la composition ont été recouverts (Au regard de l’élément arabesque du mur peint en jaune, il est possible qu’un slogan s’enroulait autour du cheval). La présence de cette fresque pourrait s’expliquer par le fait qu’un cheval se serait introduit dans l’enceinte de l’Université durant quelques heures pendant le mouvement de mai 68. Aucune source trouvée ne confirme cette anecdote, mais l’artiste Blek Le Rat, auteur de la fresque du bâtiment C, en a eu vent en 1983/1984 et s’en est inspiré en représentant un cheval sur sa fresque. De plus, Patrick Cheval fut l’un des leaders étudiants lors de mai 68, fondateur du groupe de Enragés.
La scène des parachutistes
Sur cette partie du mur, « un coucou » de couleur rouge avec à son bord, trois personnages et le mot « Nanterre » sur le flanc, largue une clef à molette, une bouteille remplie d’un liquide marron, une bombe, une lance et… un parachutiste.
Au premier plan, un policier matraque un individu qui crie de douleur.
Arcueil III, ou ce qu’il en reste…
Le premier motif du couloir est rattaché, de manière presque indissociable à la scène du parachutiste. À côté, un landau, pavillonné à l’effigie de la France, dévale un escalier en feu. À droite, on peut reconstituer un slogan déstructuré inscrit en lettres rouge : « il faut vivre dangereusement ». A la base du mur, quelques symboles rupestres rappellent la scène « préhistoire ». Toute la partie haute du mur a été repeinte en jaune.
À droite de la porte du couloir, un géant, coiffé d’un haut-de-forme noir, dont une partie du visage a été rognée, crache des flammes qui incendient des immeubles.
Des dollars pleuvent du ciel à côté d’un immeuble sur lequel repose une voiture retournée. A droite, subsiste un espace rectangulaire scindé en six parties égales, où l’on peut voir, sous une pluie de confettis oranges, une créature grossièrement peinte à côté de deux croix.
À droite de la porte se déploie le dernier pan visible de la fresque, constitué de formes courbes abstraites multicolores. On distingue, de gauche à droite, un œil, une fleur rouge, une abeille. Ces trois motifs sont surmontés des slogans suivants : « ….(r)évolte (tronqué), « Aimer c’est déjà la révolte » , « Aimer c’est la moitié de vivre », qui font allusion à mai 68. L’œuvre est signée “SK76”, allusion probable à la date de sa réalisation.
En raison du caractère incomplet de l’ensemble Arcueil, il est difficile de savoir ce que le, ou les auteur(s) ont voulu dire. On peut toutefois faire l’hypothèse qu’elle évoque les mouvements ouvriers de 68, les violences policières de cette époque, en somme, tous les événements révolutionnaires qui se sont déroulés autour de l’université de Nanterre, ce haut lieu de l’Education et de la Liberté.
À droite de la porte se déploie le dernier pan visible de la fresque, constitué de formes courbes abstraites multicolores. On distingue, de gauche à droite, un œil, une fleur rouge, une abeille. Ces trois motifs sont surmontés des slogans suivants : « ….(r)évolte (tronqué), « Aimer c’est déjà la révolte » , « Aimer c’est la moitié de vivre », qui font allusion à mai 68. L’œuvre est signée “SK76”, allusion probable à la date de sa réalisation.
En raison du caractère incomplet de l’ensemble Arcueil, il est difficile de savoir ce que le, ou les auteur(s) ont voulu dire. On peut toutefois faire l’hypothèse qu’elle évoque les mouvements ouvriers de 68, les violences policières de cette époque, en somme, tous les événements révolutionnaires qui se sont déroulés autour de l’université de Nanterre, ce haut lieu de l’Éducation et de la Liberté.